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Les douces violences

Les douces violences que l’on peut pratiquer au quotidien avec les enfants, ne sont pas les fessées ou tout autre châtiment corporel.

Ce sont des actes brefs et fréquents, que l’adulte pense anodins, et qui mettent l’enfant dans une insécurité affective. Cela peut-être des paroles blessantes, des gestes maladroits, des jugements, des à priori. En aucun cas, le parent ou l’adulte ne souhaite nuire à l’enfant, et pourtant celui-ci prend ces remarques de plein fouet. C’est pourtant la plupart du temps de manière inconsciente que l’adulte pratique ces douces violences. Pourquoi ? Simplement parce que c’est inhérent à sa culture familiale : il a lui-même subi ces douces violences quand il était enfant, c’est devenu tout à fait banal dans ses pratiques éducatives.

Les douces violences sont certainement une des choses les plus difficiles à remettre en question dans notre comportement envers les enfants.

Parfois, c’est juste une habitude, comme parler de l’enfant en sa présence sans l’inclure à la conversation. Parler de lui au-dessus de sa tête en confiant des choses parfois intimes.

D’autres fois, ce sont des gestes rapides, des interventions sur le corps de l’enfant sans le prévenir  comme le moucher ou le prendre en arrivant derrière lui…  Il y a aussi ces comportements, pleins de bonnes intentions, comme donner des surnoms à l’enfant sans jamais l’appeler par son prénom. Parfois, c’est pour une question de praticité, comme coincer le bavoir sous l’assiette, ou encore, une impatience ponctuelle, comme râler parce que son bébé vient de faire caca dans la couche qu’on vient juste de changer. C’est également le cas lorsque l’on oblige un enfant à suivre notre propre rythme sans prendre en compte ses besoins ou ses dispositions (fatigue, faim,soif, etc.)

Ce n’est pas vraiment l’acte en lui-même qui est le plus problématique, mais sa répétition, qu’on ne remarque pas forcément. Pour nous rendre compte de notre comportement et de son impact, il suffit simplement de se demander :

 

“Comment le vivrais-je si quelqu’un me faisait/me disait la même chose ?”.

« Vraiment tu ne m’écoutes jamais ! »

On dit souvent cela lorsque l’on est en colère contre l’enfant qui semble ne pas faire attention à ce qu’on lui dit régulièrement. Il se peut qu’il n’ait pas compris notre demande qui est peut-être trop abstraite. Mais il est tout simplement possible que l’enfant fasse délibérément le choix de ne pas prendre en compte ce qu’on lui demande si on lui répète sans cesse cette phrase.

Que faire ?

 

Essayons de bannir ce type de phrase. Prenons le temps de nous arrêter et de nous mettre à la hauteur de l’enfant. Lorsqu’il aura toute notre attention, alors on pourra exprimer ce que nous avons à lui dire. Prenons également le temps de lui expliquer certaines notions abstraites comme le danger.

« Tu comprendras quand tu seras grand ! »

Il y a un âge où les enfants posent beaucoup de questions : « Pourquoi il est grand ? » « Pourquoi tu dois partir travailler ? » « Pourquoi je reste à la maison ? » «  Pourquoi la dame elle pleure ? » En toutes occasions l’enfant pose des questions quand il ne comprend pas. C’est une preuve de sa curiosité et de son intelligence. Cependant il arrive  que l’on soit saturé de toutes ces questions et on a tendance à lui couper la parole et à lui dire « Tu comprendras plus tard, quand tu seras grand ! »  

Que faire ?

Il est bon de prendre le temps de lui donner une explication claire avec des mots simples car malgré qu’il ne comprenne pas encore toutes les implications de ce qu’on pourrait lui dit, il essaie. N’hésitons pas à lui dire simplement qu’on ne sait pas si c’est le cas.

De cette manière il ne sera plus tracassé par ses questions et il pourra passer à autre chose.

« Fais-lui un bisou ! »

Pour un enfant, le bisou est une marque d’affection qu’il donne à maman, papa, ses frères et sœurs, la famille proche. On pense à tort qu’un enfant qui fait la bise à tout le monde est une enfant bien-élevé. Avouons qu’il nous arrive aussi en tant qu’adulte d’en avoir assez des bisous à tout va (fêtes de famille, nouvelle année, anniversaires....). Imaginons un peu ce que pense notre enfant quand on l’oblige à embrasser Tatie Suzie  qu’il n’a jamais vue de sa vie comme il le fait avec sa mère ou son frère.

Que faire ?

 

Expliquez à notre enfant que lorsqu’il rencontre une personne, dire bonjour est très important mais lui laisser le choix de le faire de la manière qui lui convient : serrer la main, le dire tout simplement ou faire un bisou s’il le souhaite. Quand on lui laisse la liberté il est généralement plus enclin à manifester des marques de tendresse avec son entourage. L’affection ne peut pas s’exiger.

 

En conclusion

 

Pour éviter la douce violence, il est conseillé de toujours penser à la bienveillance, cela nous aidera à nous remettre en question et à trouver plus facilement ce qui est adapté au bien-être de l’enfant. Nous pourrons alors prendre conscience de nos gestes et de nos paroles et ainsi éviter de  blesser  l’enfant.  Mettons-nous à son niveau, parlons-lui calmement et avec bienveillance afin d’entendre et de comprendre ce qu’il ressent.

 

Repensons aussi toujours à ce qui nous blesse nous-mêmes, à ce que l’on n’aime pas recevoir comme paroles négatives. Et essayons de traiter nos enfants comme nous aimerions nous-mêmes être traités.  Nous avons tous besoin, en tant qu’êtres humains, à tous les âges de la vie, d’un regard bienveillant posé sur nous. Nous avons tous besoin d’être aimés, encouragés, valorisés, respectés et entendus afin de développer confiance et estime de soi pour nous sentir bien, nous épanouir, développer nos capacités et agir de façon positive sur notre environnement. 

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